Des méthodes adaptées aux pêcheries multi-espèces

Diagnostiquer l’état des stocks de poissons nécessite des données qu’il est difficile d’obtenir lorsqu’un grand nombre d’espèces sont capturées en même temps : certains poissons pêchés ne sont pas identifiés précisément et les paramètres biologiques ne sont pas tous mesurés. À ceci s’ajoute la pêche illégale, dont les impacts sur les stocks de poissons sont difficilement estimables. La pêche côtière en Guyane est confrontée à ces deux problématiques. Différentes méthodes ont été testées afin de faire des estimations à partir de la quantité de données limitée disponible.

La thématique des pêcheries multispécifiques a pour le moment été abordée au cours d’un stage de deuxième année de master. Plusieurs méthodes d’évaluation des stocks ont été testées, afin de savoir si elles étaient utilisables dans le cadre de la pêche côtière en Guyane. Un second stage (master 2) qui débutera en janvier 2020, poursuivra les travaux, sur les espèces de fond du plateau continental qui sont les captures accidentelles de la pêcherie au chalut crevettière.

Trois types de méthodes ont été testées :  

  • Une première, Productivity-Susceptibility Analysis (PSA), se base sur les caractéristiques biologiques des espèces recensées et sur les pressions de pêche. Cette méthode permet d’identifier les espèces les plus vulnérables, mais ne donne pas d’indication quantitative, ni sur les évolutions selon les changements environnementaux.
  • La seconde, Generalized additive model (GAM), prend en considération les quantités de poissons capturées par effort de pêche. Elle permet d’obtenir des variations au cours du temps, qui sont mises en relation avec les conditions environnementales. Il est ainsi possible de connaître les espèces les plus sensibles aux  changements globaux.
  • Enfin, une dernière catégorie de méthodes, dite méthodes à données limitées, se base sur les indices d’abondance recueillies par la pêche, ainsi que sur  les caractéristiques des espèces, comme le taux de mortalité naturelle ou l’âge à la maturité.  Elles fournissent des indicateurs sur l’état de santé des stocks et sur la durabilité de la pression de pêche. Les résultats de cette dernière méthode doivent encore être analysés.

La délégation de Guyane a proposé la création d’un réseau interne à l’Ifremer sur la thématique des pêcheries multispécifiques (Réseau Application  des méthodes à données limitées aux pêcheries multi-spécifiques pour une approche écosystémique [Multifish]). Il associera les unités des outre-mer et des unités métropolitaines. La problématique se pose en effet aussi bien dans les départements ultramarins que pour certaines pêcheries métropolitaines, où plusieurs dizaines d’espèces de poissons sont capturées. Il s’agira de mettre en commun les pratiques, pour développer des méthodes qui pourront être appliquées en routine lors des évaluations des stocks multispécifiques.