Biodiversité Marine

Les océans couvrent près de 72% de la surface de la planète et représentent plus de 90% du volume habitable pour le monde vivant. Pourtant, à ce jour, seulement 240 000 espèces marines ont été décrites alors que les scientifiques estiment leur nombre entre 500 000 et plus de 10 millions (estimations qui n’englobent pas le monde microbien, dont le nombre d’espèces approcherait la dizaine de milliards). La dissémination des techniques de biologie moléculaire et de leurs plus récents progrès permet désormais de dépasser le rythme de la description « classique » (environ 250 nouvelles espèces par an) de la biodiversité marine et d’en accélérer l’inventaire.

La biodiversité, nécessaire au bien être humain

D’une extraordinaire richesse, la biodiversité marine reste cependant peu connue, alors même que l’Évaluation des Écosystèmes pour le Millénaire a montré que la biodiversité est la pierre angulaire de l’ensemble des services écosystémiques nécessaires au bien être humain (MEA, 2005). Les stratégies de préservation de cette biodiversité seront déterminantes pour le maintien des services écosystémiques, ainsi que pour la résilience du monde vivant confronté aux pressions du changement global. Les projets européen MAES et français EFESE visent ainsi à évaluer ces services et fonctions écosystémiques afin d’implémenter les politiques nécessaires à leur maintien (MAES 2010 ; EFESE, 2014).

Les impacts du changement global et la recherche

Le milieu marin subit de multiples agressions comme la surexploitation de ses ressources, la propagation des invasions biologiques, les pollutions et les rejets de nature et d’origine variée -notamment l’imprégnation des réseaux trophiques par les contaminants et les micro-plastiques- dont les effets se combinent à ceux liés au changement climatique (réchauffement, acidification, désoxygénation notamment). Ces pressions entraînent la dégradation des écosystèmes et réduisent les services qu’ils fournissent. Au-delà de l’altération, les destructions d’habitats marins, observables aussi bien en zone littorale qu’en haute mer, mettent en danger les espèces qui en dépendent. À cet égard, les obstacles à l’observation des espèces marines ont pour conséquence la grande difficulté à recenser lesquelles se sont éteintes.

On observe déjà -et l’on tente aussi de modéliser- comment les aires de répartition géographique des espèces marines se déplacent en fonction des changements de leurs habitats, quelles sont les variations d’abondance de leurs populations, etc. L’enjeu est d'intégrer ces évolutions en cours dans l’élaboration des politiques publiques (plans pluriannuels de gestion spatialisée et intégrée de l’environnement et de ses divers usages, gestion des pêcheries selon une approche écosystémique). Ces approches nécessitent des connaissances approfondies par la recherche des modalités de fonctionnement des écosystèmes, des interactions entre les différentes espèces qui y vivent, et des usages qui en sont faits.

L'Ifremer et la biodiversité marine

Les recherches développées en matière de biodiversité par l’Ifremer portent essentiellement sur la compréhension du fonctionnement des écosystèmes pélagique et benthique, et notamment sur la biodiversité phytoplanctonique et les réseaux trophiques. L’Ifremer soutient les activités de recherche partenariale comme par exemple le Groupement de Recherche MarCo qui vise à améliorer les méthodologies d’analyse de connectivité, paramètre essentiel à la compréhension du fonctionnement des écosystèmes et nécessaire à la mise en œuvre de conditions d’exploitation durable. Les questions d’aménagement des usages des ressources et des espaces marins et littoraux sont également abordées en recherche via notamment l’analyse économique et juridique des politiques publiques intéressant les activités maritimes et les espaces marins et littoraux.

Ces activités de recherche permettent à l’Ifremer d’apporter son appui à la puissance publique au travers de son implication dans la déclinaison française des grandes directives européennes Directive Cadre Stratégie pour le Milieu Marin (DCSMM), Directive Habitat Faune Flore, Directive Cadre sur l'Eau (DCE). L’Ifremer contribue aux instances nationales et régionales d’expertise scientifiques (e.g., CNPN, CSPNB) et soutient la mise en œuvre des dispositifs nationaux de bancarisation de l’information en biodiversité (INPN, SINP) et aux infrastructures de recherche en la matière (ECOSCOPE). L’Institut a ainsi pu développer les référentiels nécessaires à la cartographie des habitats benthiques, nécessaires à la mise en œuvre des différentes directives européennes.

Par ailleurs, le Système d’Information Halieutique, développé par l’Ifremer, contribue à l’élaboration des décisions publiques en matière de gestion des pêcheries. Dans un contexte partenarial, l’Ifremer apporte son appui à l’identification et la préservation des zones halieutiques fonctionnelles. Cette stratégie de préservation de la biodiversité est adossée à la stratégie globale d’identification des aires marines protégées à l’échelle nationale qui est la déclinaison des objectifs de la convention internationale de diversité biologique (CDB) ratifiée par la France.

L'Ifremer apporte ainsi son expertise à l'Agence des Aires Marines Protégées tant pour l’hexagone qu'en outremer et contribue, via le GIS HomMer « Fréquentation, usages et gouvernance des aires marines protégées », à l’amélioration des échanges scientifiques avec les gestionnaires d’AMP.