Vendée Globe : Des navigateurs engagés avec l’Ifremer et la communauté des sciences océaniques

Plusieurs skippers du Vendée Globe collaborent avec l’Ifremer, en collectant des mesures au cours de leur tour du monde. Ce partenariat permet d’enrichir les bases de données scientifiques importantes pour la compréhension du dérèglement climatique et de la pollution plastique, dans des zones de l’océan Austral très peu parcourues.

Les activités humaines affectent la santé de l’océan. On peut citer deux changements importants à l’échelle globale :

  • Le changement climatique : près de 30% du CO2 émis par les humains est absorbé par l’océan, avec pour conséquence la hausse de la température et de l’acidification.
  • La pollution plastique : chaque année, 8 à 15 millions de tonnes de plastiques issus des continents sont déversés en mer, des déchets qui bouleversent la biodiversité marine.

Trois voiliers équipés d’un appareil de mesure de température, salinité et CO2

Dans ce contexte, les scientifiques multiplient leurs observations : observer pour comprendre, comprendre pour mieux protéger. Par exemple pour suivre le changement climatique, des données de température et de salinité sont collectées depuis 50 ans en plaçant des appareils de mesure sur des navires marchands (cargos, ferries…). Mais les données restent peu nombreuses dans l’océan austral. D’où l’intérêt pour les scientifiques d’avoir des mesures sur le parcours du Vendée Globe.

Trois skippers -  Fabrice Amedeo, Boris Herrmann et Alexia Barrier - embarquent ainsi un thermosalinographe, appareil qui permet de récolter automatiquement des données de température, salinité et CO2 tout au long de leur tour du monde.

Trois flotteurs Argo largués pendant la course

Autre moyen scientifique de mesurer la température et la salinité : les flotteurs Argo. Avec 4000 flotteurs en activité dans le monde, le réseau Argo est devenu un outil essentiel dans la surveillance des masses d’eau de la planète. Ces petits robots autonomes de 35 kg dérivent avec les courants à 1000 m de profondeur pendant 10 jours puis plongent à 2000 m avant de remonter à la surface et d’envoyer leurs données automatiquement par satellite.

Les skippers Boris Hermann, Luis Burton et Alexia Barrier embarqueront chacun un flotteur Argo. Les deux premiers le largueront dans l’océan Atlantique et Alexia Barrier dans l’océan Indien. Ces flotteurs seront suivis de près dans leur odyssée scientifique par 3 classes de primaire dans le cadre du projet adopt a float.

Premières mesures de microplastiques dans le cadre d’une course au large

Pour la pollution plastique, les observations scientifiques sont plus récentes, elles restent peu développées sur des navires de commerce ou de plaisance. Les appareils sont coûteux et les prélèvements contraignants. Les microplastiques sont collectés grâce à des systèmes de filtres de tailles variables pour récupérer les petits fragments. Sur le bateau, les filtres doivent être changés tous les jours avec beaucoup de précaution. Puis ils sont analysés en laboratoire pour déterminer le nombre et la nature des plastiques collectés, avec des fragments de l’épaisseur d’un cheveu.

Dans ce contexte, l’expérimentation de mesure des plastiques initiée par le skipper Fabrice Amedeo s’annonce prometteuse. Après analyse en laboratoire, les scientifiques ont pu confirmer que les premiers échantillons recueillis l’été dernier au cours de la course Vendée Arctique contenaient tous du plastique. Deuxième épisode à suivre après le retour de Fabrice Amadéo, avec une valise de filtres qui permettra de mieux qualifier la santé des océans.