STUDY II : étudier les effets de la diminution de la pêche en Guyane

Plusieurs menaces pèsent sur la biodiversité marine, notamment la surpêche et le changement climatique. Il est souvent difficile de démêler leurs effets, car ils ont fréquemment des conséquences semblables. Les eaux côtières de Guyane ont subi une augmentation de température d'un peu moins de 1°C entre 1990 et 2017. Dans le même temps, la pression de pêche a fortement diminué. Ceci donne une opportunité rare d’étudier comment les peuplements de poissons réagissent à une diminution de la pression de pêche dans un contexte de réchauffement climatique.

Le projet STUDY II (Structure  et dynamique de la biodiversité halieutique du plateau continental de la Guyane : changements  à long termes) a pour objectif de déterminer les effets de la pêche et du changement climatique sur la biodiversité, de définir des indicateurs de suivi de l’état de la biodiversité marine et d'identifier de nouvelles espèces exploitables en Guyane.

Des campagnes scientifiques de chalutage

Les campagnes scientifiques de chalutage ont été accompagnées de mesures des paramètres physicochimiques. Huit campagnes semblables avaient été réalisées entre 1993 et 2017. Il a ainsi été possible de détecter les changements de composition et d’abondance des populations. Une quinzaine de mesures morphométriques ont été faites sur les espèces échantillonnées, pour avoir des données de référence précises.

Ces campagnes sont aussi l’occasion de voir comment les indicateurs utilisés en métropole pour le suivi de la biodiversité marine peuvent être adaptés au suivi en Guyane. Ces travaux devancent l’application de la Directive cadre stratégique pour le milieu marin (DCSMM) européenne, qui ne s’applique pas encore aux Outre-mer. Dernier objectif du projet, l’identification de nouvelles espèces, non sensibles au changement climatique, qui pourraient être exploitées.

La diminution de la pêche a permis la restructuration des peuplements de poissons

Les résultats globaux montrent une bonne capacité des communautés de poissons tropicaux à retrouver un état riche et stable en une période relativement courte d’une dizaine d’années : certains indicateurs  de diversité ont augmenté significativement. On observe une augmentation de la taille moyenne des poissons, ce qui témoigne d’une restructuration des communautés.

Celle-ci s’associe à une augmentation de la redondance fonctionnelle (présence d’espèces ayant des niches écologiques proches), qui est un facteur clé pour la stabilité des peuplements. Ces résultats sont encourageants pour promouvoir une gestion durable des pêches, en diminuant la pression de pêche pour préserver les écosystèmes, tout en garantissant une viabilité économique et sociale à la filière.