Aider à la surveillance de la qualité du milieu marin

Deux conventions ont été signées en 2015 et 2016 pour contribuer à la mise en œuvre de la Directive cadre européenne sur l’eau (DCE) en Martinique et en Guadeloupe. L’Ifremer a un rôle d’assistance à maîtrise d’ouvrage auprès des Offices de l’eau de Martinique et de Guadeloupe. Il apporte notamment un appui à la coordination des réseaux de surveillance de la qualité des eaux littorales et de transition, une expertise scientifique, une assistance à la bancarisation et à la gestion des données recueillies, ainsi qu’à leur mise à disposition. L’institut contribue également au développement d’indicateurs adaptés aux spécificités locales.

Le suivi de la qualité du milieu marin aux Antilles étant encore relativement récent, certains indicateurs doivent encore être validés ou développés. L’Ifremer apporte son expertise pour valider les indicateurs utilisés et la qualité des mesures recueillies. Un autre axe de son action est l’assistance à l’intégration des mesures dans des bases de données dédiées, notamment Quadrige 2, dont l’application BD récif a été déployée en 2018 aux Antilles pour la bancarisation des données récifales.  
 
Le projet ESMAMA (Mise en œuvre de la DCE  dans l’étang des Salines en Martinique : diagnostic macrophytes et première application de grilles « lagunes méditerranéennes ») a été financé par l’Agence française pour la biodiversité, afin de développer des indicateurs spécifiques à cette unique masse d’eau de transition des Antilles. L’étude a été menée de 2017 à 2019.

L’accompagnement de l’Ifremer pour la mise en œuvre de la DCE aux Antilles depuis 2015 et 2016 a permis de renforcer et de stabiliser les réseaux de surveillance. Les indicateurs et les grilles de qualité pour les paramètres physico-chimique et le phytoplancton ont été harmonisés (nouvelle grille commune pour la transparence, sinusoïde de référence « Antilles » pour la température, proposition d’un nouveau seuil pour la notion de bloom phytoplanctonique aux Antilles). L’action de l’institut a permis de favoriser l’intégration de l’ensemble des résultats dans la base Quadrige 2 et son application BD récifs. L’expertise a également porté sur la qualification des données historiques. Cet accompagnement s’est concrétisé en 2019 par l’appui apporté au bureau d’étude chargé de la mise à jour des états des lieux 2019 des schémas directeur d’aménagement et de gestion des eaux (SDAGE) de Martinique et de Guadeloupe, avec notamment la fourniture des évaluations 2012-2017 des indicateurs physico-chimiques et de l’indicateur biologique phytoplancton.  
 
Dans le cadre du projet ESMAMA, la piste d’adapter un indicateur basé sur les macrophytes a été abandonnée, du fait de la faible présence de cette catégorie de végétaux dans l’étang. Les travaux se sont réorientés vers un renforcement de la surveillance des paramètres physico-chimiques, avec des prélèvements mensuels et un nombre de stations et de paramètres plus important. Les suivis ainsi réalisés de mars 2018 à février 2019 ont permis de mieux comprendre la dynamique hydrologique annuelle et l’évolution des teneurs en nutriments et en phytoplancton de l’étang des Salines. L’application des grilles DCE disponibles pour les lagunes méditerranéennes aux résultats de ce suivi a conduit à diagnostiquer l’étang des Salines en mauvais état, du fait d’une eutrophisation marquée. Cette eutrophisation se caractérise par des niveaux de production de phytoplanctons et des concentrations en nutriments dans l’eau élevés, des sédiments enrichis en matière organique et des peuplements de macrophytes peu développés. Enfin, des recommandations sont apportées concernant la surveillance de l’état écologique DCE à mettre en œuvre sur l’étang des Salines.