Polyperl : quand le changement climatique met en danger l'huître perlière

Depuis le début du 20e siècle, la température de surface des océans tropicaux a augmenté de 0,7°C. Dans le même temps, leur pH a baissé de 0,1 unité, les rendant plus acides. La température devrait encore augmenter de 1 à 2,5°C et le pH diminuer de 0,1 à 0,4 d’ici la fin du siècle. Une augmentation de la température et de l’acidité qui pourraient être néfastes pour l’huître perlière.

Quels sont les effets du changement climatique sur l'huître perlière ?

Le projet Polyperl (Gestion intégrée et adaptation de la perliculture en Polynésie française dans le contexte du changement global : approche environnementale, économique et sociale) a pour objectif d'étudier les effets sur l’huître perlière de l’acidification et de l’augmentation de la température, en se basant sur les prévisions du Groupe d'experts intergouvernemental sur l'évolution du climat (Giec).
L’acidification ralentit la croissance de la coquille et altère sa face interne, sans menacer la survie des huîtres. En revanche, le réchauffement de l’eau restreint leur métabolisme et ralentit leur croissance. Il pourrait mettre en danger la survie de l’espèce en Polynésie.

Étudier les conséquences de l'acidification et de l'augmentation de température

Plusieurs recherches ont été menées en bassin sur l’huitre perlière. L’une a testé l’effet de l’acidification seule. La seconde a mesuré les effets conjugués de l’augmentation de la température et de l’acidification. Pour chaque étude, plusieurs valeurs ont été testées.

De trop hautes températures pourraient mettre en danger la survie de l'espèce

Une acidité plus importante de l’eau provoque un blanchiment de la coquille externe, tandis que l’intérieur montre des signes de dissolution. Un des gènes impliqués dans la fabrication de la coquille est moins actif. Ces différents facteurs contribuent à un ralentissement de la croissance de la coquille. La survie des animaux ne semble cependant pas en jeu, puisque leur consommation d’énergie et leur reproduction ne sont pas affectées.

En revanche, la température a plus d’effet. La température optimale pour la croissance de l’espèce est de 28,7°C. Cette température est déjà dépassée en moyenne 121 jours par an en Polynésie française. La vitesse de croissance de l’huître diminue pendant ces périodes. Si la température augmente de 1,5 °C, cette limite sera dépassée en moyenne 252 jours par an. Si l’augmentation est de 2,5 °C, elle sera excessive toute l’année, mettant en danger la survie de l’espèce et la filière perlicole.

Explorer la diversité génétique de l'huître pour lui permettre de résister au changement climatique

Il est envisagé d’explorer la diversité génétique de l’huître perlière de Polynésie (Pinctada margaritifera) et des autres espèces d’huîtres du genre Pinctada. Le but est de comprendre les mécanismes d’évolution génétique et d’adaptation à l’environnement qui pourraient permettre à l’huître perlière de résister au changement climatique. Certaines populations vivent en effet dans des environnements où les températures dépassent fréquemment le seuil considéré comme optimal pour l’espèce. Elles se sont donc adaptées à des températures plus hautes.